Une famille Chevalier lors des guerres de religion

         Le règne d'Henri II (1547-1559)

 Au cours de ce règne, la vie du couple  Pierre 1er Chevalier (1483-1567)  seigneur d’Eprunes (77) et de Montreuil (93) avec Marie Guillart de l’Epichelière mariés vers 1515 avait été perturbé indirectement par le conflit avec le Saint-Empire à propos des Pays-Bas bourguignons. En effet, Louis Guillart, frère de la jeune épouse, évêque de Tournai (Hainaut) en 1513, chassé  par les troupes anglaises, puis revenu en 1525, avait du négocier et s'endetter auprès du cardinal prince du Saint-Empire Erard de la Marck. En définitive, Louis Guillart avait obtenu l'évéché de Chartres en 1526 qu'il conservera jusqu’en 1553 puis administrera Chalon-sur-Saône jusqu’en 1560. Quelques mois avant son décès, Louis  sera évêque de Senlis qu’il résignera en 1561 en faveur de son neveu par alliance Pierre II Chevalier, notaire et secrétaire du roi, conseiller au Parlement, seigneur d’Eprunes en 1564 avec son frère Jacques II CHEVALIER époux de Catherine TURQUAN.

Depuis cette période précédent l'affrontement entre catholiques et protestants, la famille Chevalier d'Eprunes sera indirectement liée aux descendants héritiers de la Marck jusqu'à l'avénement d'Henri IV. En effet, lors du règne précédent de François 1er, la Réforme était de mise dans la société, et l’influence d'Henri II, partagée entre son épouse et sa maîtresse Diane de Poitiers, était battue en brèche par l'essor de la Réforme protestante amorcée en 1517. Il mourut le 10 juillet 1559 après un tournoi de chevalerie organisé à Paris pour le mariage de sa fille Elisabeth où il fut blessé d'un éclat de lance dans l'œil par Gabriel de Montgomery (1530-1594) capitaine de sa garde écossaise. Renée Chevalier baronne de Dannemoine était alors l'épouse en  troisième noce d'un proche parent du régicide involontaire nommé Jacques de Montgomery (1548-1628). A la mort de ce dernier, elle épousa  en  1629 Anne de la Marck (1578-1631) fils du comte de Braine et de Maulévrier le catholique Charles-Robert de la Marck. Tige de la branche cadette, son frère aîné était le prince et Maréchal de France Henri-Robert de la Marck et tous deux avaient pour trisayeul Robert VII de la Marck, frère du cardinal Erard de la Marck cité supra.  

Le règne de François II (1559-1560)

La reine Catherine de Médicis (1519-1589) veuve du roi défunt, assume à partir de 1560 la régence de son fils aîné François II mais il meurt après un an de règne. A cette époque, la  famille de Pierre 1er Chevalier d’Eprunes, cité supra, comptait dans ses rangs deux notables protestants, Guillaume Chevalier époux de Jeanne Escoreol   et son cousin germain Charles Chevalier, alors que leurs frères l'évêque Pierre II Chevalier, Jacques II Chevalier époux  de Catherine Turquan ainsi que Madeleine Chevalier étaient catholiques. Mais elle avait épousé Gui II Arbaleste président des comptes et vicomte de Melun qui se déclara protestant peu de temps avant de mourir en 1570. A partir de cette date, sa veuve et ses héritiers vont rencontrer des difficultés à faire reconnaître leurs droits en fonction des tensions religieuses.  

Le règne de Charles IX (1560-1574)    

Second fils du défunt Henri II,  Charles devient roi sous le nom de Charles IX (1560 à 1574). Dès son accession au trône, les tensions religieuses et politiques augmentent, la lutte armée débute en 1562.

Jusqu'aux années 1566, le  vicomte de Melun Guy Arbaleste II avait dissimulé sa foi protestante par prudence. Peu de temps avant sa mort, il fit connaître son sentiment religieux, ce qui provoqua l'hostilité des catholiques et la répression du pouvoir royal. Sa veuve Madeleine Chevalier va rencontrer des difficultés à faire reconnaître ses droits sur la vicomté de Melun et des difficultés financières qui la contraindrons à vivre en sa propriété du Vignau. De son côté, sa fille Charlotte Arbaleste (1548-1606), également veuve du protestant Jehan (Jean) du Pas de Feuquière fut dans l'obligation de se réfugier dans les Ardennes à Sedan, tenue par Henri-Robert de la Marck (1539-1574) 1er prince local depuis son mariage avec la princesse Françoise de Bourbon-Montpensier., fille du protestant Louis III de Bourbon duc de Montpensier.

La liberté des cultes catholiques et protestants assurée à Sedan

La liberté religieuse ayant été proclamée par le couple princier provoqua un afflux de population. Fille de Madeleine Chevalier et Guy II Arbaleste, Charlotte Arbaleste fut l'une des nombreuse réfugiée à Sedan dès 1574 et fit connaissance des notables locaux, dont l'un des plus importants était Philippe de Mornay (1549-1623) seigneur du Plessis-Marly, mémoraliste et leader protestant. Elle se maria avec ce dernier en 1576 et ils eurent aux moins cinq héritiers et héritières. C'est ainsi que la seigneurie d'Eprunes, bien familial depuis 1447 de la famille Chevalier revint à des seigneurs protestants.

Parmi les notables locaux figuraient le protestant François de Lalouette (1520-1606), président en 1575 du conseil souverain de Sedan nommé après la mort en 1574 du prince Henri-Robert de la Marck. Ce président avait une soeur Agnès Lalouette, mariée vers 1535 avec le contrôleur des guerres Pierre Moreau (1510-1562). Leur postérité s'alliera avec celle de l'angevin Constantin Chevallier, allié familial de Jacques II Fouyn prieur d'Argenteuil. Tous deux déja cités au coeur de cette étude. 

Lors de règne, le roi  Charles IX était politiquement isolé,  son frère cadet l'ambitieux François d'Alençon (1555-1584) complotait avec la noblesse protestante alors que son autre frère Henri d'Anjou, lieutenant général du royaume se portait candidat pour le trône vacant de Pologne. Il fut  élu par la diète polonaise le 11 mai 1573 sous le nom d'Henryk Walezy, roi de Pologne et grand-duc de Lituanie. Mais son frère aîné Charles IX s'éteindra de maladie à l'âge de 23 ans en 1574. Henri  d'Anjou quittera son trône polonais et reviendra précipitamment pour remplacer son défunt frère. 

Sur le plan européen, la lutte armée entamée sous François 1er contre le Saint-Empire romain germanique (Germanie, Italie, Bourgogne) de l'empereur Charles Quint était  terminée après négociation. En fait la situation générale était transformé en lutte d’influence en cette période de guerre de religion qui s’étendra au niveau européen.

 Afin de renforcer sa position contre l’Espagne et l’Angleterre, le roi, conseillé par sa mère Catherine de Médicis, toujours influente dans l'ombre de ses fils, épousera Elisabeth d’Autriche (1554-1592) fille de l'empereur Maximilien II de Habsbourg (1527-1576) et de Marie d'Autriche. La mariée était infante d'Espagne, nièce du roi Philippe II d'Espagne fils de Charles Quint.  Le père d’Elisabeth, Maximilien II, titré empereur romain germanique et roi de Hongrie, était alors en guerre contre l’empire ottoman.

Le mariage royal  fut célébré à Mézières le 27 novembre 1570 et le couple n'aura qu'une fille Marie Elisabeth de France née en 1572 à Paris et morte à 6 ans. L'enfant vivait la plupart du temps à la cour royale d’Amboise et bénéficiait d’une maison à son service, recrutée localement parmi  lesquels : Marie de Marconnay  demoiselle d'honneur non gagée qui plus tard aurait épousé Pierre de Grignon maître d'hôtel de la reine Louise de Lorraine . Par contre,  Jacques II Fouyn abbé d'Argenteuil proche de la fillette n'était pas gagé. Ce dernier était l'oncle de l'avocat Constantin Chevallier, futur banquier en cour de Rome 

Le règne d'Henri III (1574-1589)

A peine arrivé de Pologne d’où il est parti précipitamment, le roi et troisième fils de Catherine de Médicis trouve Paris en effervescence sous la pression de la Ligue catholique et de son chef à partir de 1584 le lorrain Henri 1er duc de Guise (1550-1588) soutenu par l’Espagne inquiète de l’extension protestante. L’armée espagnole entre dans le royaume et marche sur la Capitale où la population dresse des barricades et chasse le roi. Il s’alliera avec les protestants du roi de Navarre le futur Henri IV pour combattre et regagner son trône. Peu de temps après son retour à Blois, il fera assassiner le 23 décembre 1588 le duc de Guise.  

Le règne d'Henri IV (1589-1610)

Après la reconquête de Paris, dernier roi de la dynastie des Valois sera à son tour assassiné par le moine ligueur Jacques Clément. Avant de mourir, il nommera comme successeur son beau-frère et cousin de la  dynastie des Bourbons Henri de Navarre, futur roi Henri IV. Ce dernier devra gagner son trône à la pointe de l’épée avant d'entrer à Paris en  1594. Parmi son escorte figurait le futur 1er Président en la cour des Aides Nicolas Chevalier (1566-1630) qui avait été l'un des créanciers de la reine-mère Catherine de Médicis. 

La guerre de religion entrecoupée de trêves, durera en fait jusqu’en 1598 et atteignit son point culminant lors de la nuit de la Saint-Barthélemy du 23 au 24 août 1572. 

Chacun sait que le populaire roi Henri IV sera  assassiné par Ravaillac en 1610.  Tel est le contexte historique dans lequel vécurent certains porteurs du patronyme Chevalier.

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Date de dernière mise à jour : 31/01/2022

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