Legendre devenu Neufville de Villeroy et Claude d'Annebault maréchal et amiral de France.

L’ascension sociale d’une famille de financiers, les Legendre devenus de Neufville de Villeroy

 

La légende a dit que le premier maillon de cette famille serait un marchand de poissons parisien. C’est probable mais nous ne l’avons pas vérifié personnellement. 

En tout cas et selon les textes, les NEUFVILLE de Villeroy remonterait à Jean LEGENDRE (1430-1512) trésorier des guerres époux de Catherine Damport. La fille de ce couple, Geneviève Legendre dame de Villeroy et d’Allaincourt épousa vers 1478 Nicolas de Neufville qui s’engagea à relever la famille de sa femme. Cette dernière se remariera tardivement avec le procureur au Parlement Laurent Guyard.

Nicolas 1er de Neufville de Villeroy (1440-1483)

Fils de Richard Legendre, maître d’hôtel du duc Philippe de Bourgogne, Nicolas est le premier porteur du patronyme Neufville de Villeroy.

Désormais Nicolas 1er de Neufville de Villeroy, il va rapidement s’élever socialement et devenir notaire et secrétaire du roi, secrétaire des Finances pour finir Trésorier de France. Il était seigneur des fiefs d'Albic (Halles de Paris), de l'Equipée, des Tuileries et de la seigneurie de Chanteloup.    

De son union avec Geneviève Legendre naîtrons un garçon Nicolas II et deux filles : Marie Marguerite et Anne, Jeanne. Tous se marieront à plusieurs reprises et seront en rapport direct ou indirect avec des familles Chevalier.

Son fils Nicolas II

Nicolas II de Neufville de Villeroy (1480-1555) se maria vers 1515 avec Denise Jeanne Morelet du Museau dont naîtra Nicolas III qui suit. Remarié tardivement avec Philippa Bailly veuve de Cosme Clausse (1480-1530), premier président de la chambre des comptes de Bretagne.

Nicolas II eut une ascension professionnelle et sociale rapide débutée en 1515 par un office de conseiller et audiencier de la Chancellerie en remplacement du général des Finances Guillaume de Beaune. A cette époque, il fit échange avec le roi contre la seigneurie de Chanteloup près d’Arpajon plusieurs maisons et jardins situées près de la Porte Saint-Honoré. A ces emplacements fut créé plus tard le parc royal des Tuileries 

Puis Nicolas II devint greffier civil et criminel du Châtelet de Paris, office qui lui concédait en 1522 une clause de rachat perpétuel [1] pour le rembourser d’un prêt de 50.000 Livres fait personnellement au roi François 1er.

Nicolas II de Neufville, souvent dit de Villeroy, décéda vers 1555 et se serait remarié deux fois après le décès vers 1530 de sa première épouse Jeanne Morelet du Museau. En seconde noces avec Philippa Bailly, veuve de Jean Clausse, puis en troisième avec Marie Françoise de Feugeray veuve de Jean Bailly grand rapporteur de la Chancellerie. De cette union était née Jacqueline Bailly (1498-1561) épouse depuis le 21 juin 1531 de Jean III Budé et dame de Conflans l'Archevêque (94) depuis 1548) d'Yerres (91), Bagnaulx-en-Beauce, héritage de la branche aînée de la famille Budé.

Sa postérité était composée de:

  • Nicolas III de Neufville de Villeroy (1520-1598) époux de Jeanne Preudhomme, fille de Guillaume Trésorier général de France et Marie Cueillette.  
  • Jean de Neufville de Villeroy (1527-1597) Trésorier de France, mari de Geneviève de Reilhac , fille de Jean 1er et de Barbe de Vaudetar (Vaudetart) dame d'Esbly.
  • Ils seront intégrés dans la seconde partie de siècle de la Renaissance et au règne du roi Henri II entre 1547 et 1559, époux de Catherine de Médicis, confronté à l’essor du protestantisme

 

Nicolas II de Neufville de Villeroy avait deux sœurs:

  • Marie Marguerite de Neufville de Villeroy (1485-1547) épouse en seconde noces du changeur Gilles Le Bossu seigneur de Monthyon (77) puis de Pierre Fraguier (1480-1528) marchand drapier à Paris, seigneur par sa femme du fief d’Albic et veuf en première noce de Marguerite de Thou qu’il avait épousée le 27 mai 1506.  

  • Jeanne de Neufville de Villeroy (1490-1530) femme de Nicolas d’Herberay, seigneur des Essarts

 

Activité du financier Nicolas II de Neufville de Villeroy en faveur de la cour royale

A partir des années 1522 et en raison de ses besoins financiers, François 1er commençait à se méfier de son superintendant de Finances, également financier de la reine-mère, Jacques de Beaune de Semblançay. Ce dernier employait à partir des années 1511 en qualité d’homme de confiance et clerc principal le nommé Michel Chevalier [2]. Lorsque le roi porta plainte contre Jacques de Beaune et qu’un procès fut diligenté, Michel Chevalier fut interrogé par les enquêteurs mais serait décédé avant la fin du procès qui se termina en 1527 par la pendaison de Jacques de Beaune. 

En tout cas, l'affaire des malversations qui aboutirent à la condamnation de Semblançay facilita en quelques sorte l’avancement de Nicolas II de Neufville de Villeroy, nommé en 1525 par la régente Louise de Savoie en raison du déplacement du roi en Italie au poste envié de Trésorier de France de la généralité d’Outre-Seine et Yonne qu’il conservera pendant huit ans. A partir des années 1533, Nicolas II de Neufville de Villeroy, en financier avisé, entretenait également des relations personnelles avec François 1er qui le chargea de plusieurs missions et dînait parfois en l’hôtel des Villeroy rue des Poulies près du Louvre. Nicolas II n’hésitait pas à faire des prêts d’argent aux personnages de la cour royale en difficulté.

Nicolas II de Villeroy finance la rançon de Claude d’Annebault, futur maréchal et amiral de France

Pendant la moitié de son règne François 1er avait bataillé contre l’empereur Charles Quint et l’Angleterre, que ce soit en Italie, Picardie Champagne ou Languedoc, les frontières du royaume d'alors et éprouvé des problèmes afin de financer ces guerres.  

Au mois de mars 1536, le baron de la Hunaudaye Claude d’Annebault, seigneur d’Annebault (Calvados) et d’Appeville (Eure) l’un des principaux chefs de l'armée combattant les troupes impériales est fait prisonnier à Thérouanne, au nord de la Picardie. Malgré son emprisonnement, il fait preuve de diplomatie et négocie une trêve à Bony (Aisne) en juillet 1537. Marie de Hongrie, alors régente des Pays-Bas le fait libérer au mois d’octobre 1537 contre le versement d’une rançon de 29 250 livres tournois. Le roi François Ier apporte la somme de 18.000 livres prise sur les finances royales, le solde de la rançon étant à la charge de Claude d’Annebault qui doit s’endetter en empruntant la somme de 5.000 écus d’or avec la caution de son frère François d’Annebault (1500-1558) abbé commendataire de Saint-Serge d’Angers (1534) Saint-Taurin, d’Evreux (1540) du Mont-Saint-Michel (1543), du Bec d’Hellouin et enfin cardinal en janvier 1544.  L’emprunt principal est assumé pour 3.000 écus d’or par Nicolas II de Neufville de Villeroy lui-même, complété par 2.000 écus à la  charge d’Anne Esprit de Harville (1530-1569) seigneur de Palaiseau [3], époux de Catherine de Lévis, cousine de Diane de Poitiers maîtresse du roi Henri II.

De retour à la cour, Claude d’Annebault est nommé maréchal de France le 10 février 1538, alors qu’Anne de Montmorency devient connétable de France. Puis il enchaine les responsabilités, gouverneur du Piémont en 1539, entre au conseil du roi en 1540 et devient le principal favori du roi, prend en 1543 les villes de Landrecies et de Luxembourg, est nommé amiral de France car il a exercé comme lieutenant auprès de feu l’amiral Philippe Chabot décédé en 1543 et qui l’a soutenu dans son ascension vers le maréchalat.

Avec ce rare cumul de distinctions militaires de premier plan maréchal de France et amiral du roi, auxquelles s’ajoute le poste de gouverneur de Normandie, Claude d’Annebault est au zénith de sa gloire et reçoit de nombreux privilèges royaux. Parmi ces derniers figure la vicomté de Melun tenue avant la guerre de Cent-Ans par la famille de ce nom, la date de donation se situant vers 1545.

Il organise la flotte royale mais n’enregistre que quelques victoires sans lendemain contre la flotte anglaise. La guerre continuait quand le roi François 1er meurt en 1547. Son fils et successeur Henri II écartera progressivement Claude d’Annebault pour s’appuyer sur le connétable Anne de Montmorency qui devient le nouveau favori.

Claude d’Annebault conservera son poste d’amiral jusqu’en 1551 ainsi que les baronnies de Retz et d’Annebault qui reviendrons à son fils Jean bailli et capitaine d’Evreux époux de Claude Catherine de Clermont.

Quelques années avant sa mort, Claude d’Annebault devra vendre la vicomté de Melun au parlementaire et président de la Chambre des Comptes Gui 1er Arbaleste, époux de Charlotte de Marle seigneur de la Borde-au-Vicomte qu’il a acquis en 1497 et partie intégrante de la vicomté de Melun. Cette vente de la vicomté est corroborée en 1549 [4] en ces termes « Claude d’Annebault amiral de France, gouverneur de Normandie, baron de Retz et de la Hunaudaye a vendu la vicomté de Melun à Guy 1er Arbaleste, conseiller du Roi et général de Bretagne, seigneur de la Borde. Les droits de quint et de requint,[5]qui appartiennent à Claude d’Annebault en vertu d'un don du Roi, sont dus par ledit Arbaleste ».

L'acquéreur était Gui 1er Arbaleste (1430-1514) Président de la chambre des Comptes époux de Charlotte de Marle, grands-parents paternels de Gui II Arbaleste vicomte de Melun et de Corbeil mari de Madeleine Chevalier dont le frère aîné Charles Chevalier fut assassiné lors de la Saint-Barthelemy aux côtés de l'amiral de Coligny. 

L’amiral Claude d’Annebault mourra lors d’une campagne militaire contre les troupes impériales de Charles Quint le 2 novembre 1552 en Picardie, à la Fère-sur-Oise (Aisne).

Il a laissé son nom à sa seigneurie d’Appeville dans l’Eure qui se nomme de nos jours Appeville dit Annebault.

§§§

Le chapitre suivant sera consacré à la seconde partie de siècle de la Renaissance et au règne du roi Henri II entre 1547 et 1559, époux de Catherine de Médicis, confronté à l’essor du protestantisme.

 
 

[1] Synthèse Catalogue des actes, Tome.1, p.2, n°7 et p. 260 n° 16212 et p.167 n°949 - Tome V p. 298 - Bulletin de la société de l’Histoire de Paris Tome LXVI (1939) et MC/ET/LIV/12 et 58 datés du 6 décembre 1537.

[2] Michel Chevalier, né vers 1487, notaire et secrétaire du roi et de sa mère Louise de Savoie de 1515 à 1522, principal clerc au service de Jacques de Beaune de Semblançay de 1510 (Selon Alfred Spont, p. 101). Marié avec Marie Aude, fille de Guillaume Aulde et de Jeanne Chartier. Guillaume Aulde seigneur de Nouzilly et Monnaie (Indre-et-Loire), argentier d’Anne de Bretagne serait neveu de Jacques de Beaune. La filiation de Michel Chevalier est encore hypothétique mais il serait apparenté à Jacques Chevalier (1447-1498) ainsi qu’à Jean Chevalier (1526-1584) argentier de Nicolas De Neufville de Villeroy jusqu’en 1570.

[3] Acte du 16 décembre 1537 MC/ET/LIV/2, MC/ETLIV/58 MC/ET/LIV/12.

 

[4] A.N. Insinuation du Châtelet en date du 25 janvier 1549 Y//94, folio 236, notice 3053.

[5] Impôt seigneurial sur la vente des fiefs nobles. Il représente le cinquième du prix de vente, auquel s'ajoute souvent le requint qui vaut le cinquième du quint.

Date de dernière mise à jour : 26/03/2024

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