Vers la Réforme
Après la signature du Concordat de 1516 qui marquait la volonté du roi François 1er de contrôler l’Eglise catholique, ses propriétés domaniales et ses privilèges en matière d’enseignement universitaire, le Bureau des privilèges apostoliques de l’Université de Paris fut réactivé. Son tribunal fut doté d’un greffier et d’un vice-gérant contrôlé par un évêque nommé avec l’agrément du pouvoir royal conservateur des privilèges apostoliques [1].
Cette conservation des privilèges apostoliques travaillait de concert avec la faculté de théologie de Paris chargée de la jurisprudence en matière de théologie et de foi.
Jean de Néry, grand bedeau de la faculté de théologie
C’est dans ce cadre général qu’apparait le prêtre et chanoine de l'église Saint-Michel de Beauvais Jean de Néry (1480-1522). Bedeau depuis 1505, il tenait depuis cette époque les registres et la documentation avant d'être élu Grand bedeau le 5 mai 1520, devant ainsi le second personnage de cette faculté définissant la politique catholique [2].
Sur le plan personnel et selon plusieurs actes rédigés à partir de 1520 en l’étude de Pierre Crozon, notaire au Châtelet, dont son testament [3] Jean de Néry était chapelain de l’église-Saint-Benoit-le-Détourné à Paris, curé d’Orphin (91), propriétaire d’une maison à l’enseigne du Château-Rouge rue Saint-Jacques à Paris et enfin d’un immeuble en la paroisse Saint-Germain de Pantin (93). Il mourut le 20 décembre 1522 et ses exécuteurs testamentaires, remirent à titre d’obis une rente de 30 sols aux marguillers de cette paroisse nommés Christophe Hazart et Pierre Rouveau. Ce dernier représentait une famille également présente à la même époque dans les localité voisines de Bagnolet et Montreuil. Son parent Jean Rouveau seigneur en partie de Bagnolet, décédé avant 1538, avait été condamné par décret à verser une partie de son héritage sur deux rentes de 1520 au bénéfice de dame Martine de Saint-Renom.
Les Crozon et Martine de Saint-Renon
Dans le même temps, la famille du notaire au Châtelet Pierre Crozon (1475-1533) époux de Catherine Hamelin, s’ouvrait vers 1518 à Martine de Saint-Renon qui épousait l’avocat Nicolas Crozon, frère puiné du notaire .
Nouvelle venue, Martine apparaît à cette époque de la Renaissance où les réformes sociétales et religieuses battent leur plein. Elle fait office de révélateur de l’évolution de la bourgeoisie parisienne dans cette première moitié du siècle si chère aux poètes. Mais les réalités et l’ampleur prise dans la Capitale et à la cour par le développement des théories luthériennes inquiètent la faculté de théologie et le Parlement de Paris qui vont se montrer hostiles aux mutations.
Ils ne pourront endiguer le développement de la rente immobilière propice à la bourgeoisie et aux financiers.
C’est ce que nous allons vivre en suivant la piste des privilèges apostoliques et royaux de l’Université de Paris qui débute par Martine de Saint-Renon qui suit.
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[1] Ce furent de 1483 à 1500 l’évêque de Meaux Jean Luillier (1460-1500), puis de 1500 à 1521 l’évêque de Beauvais Louis de Villiers de l'Isle-Adam (1450-1521) remplacé le 2 septembre 1521 par l’évêque de Meaux Guillaume Briçonnet (1470-1534), abbé de Saint-Germain. Directeur spirituel de Marguerite (1492-1549) sœur du roi François 1et et reine de Navarre, il joua un rôle important et fut le fondateur du foyer de réflexion et de réforme de l’Église de Meaux. La Réforme était lancée.
[2] Archives de l'Histoire religieuse de la France. Registres des procès-verbaux de la Faculté de théologie de Paris Tome 1 de 1505 à 1523, publié en 1917. Suivi des procès-verbaux de janvier 1524 à novembre 1533, Bibliothèque de l'École des chartes (Année 1991 n°149-2 pp. 453-455)
[3] A.N. MC/ET/XXXIII des 18 mai 1520 et du 14/11/1522.